Présentation de Betzabé Butrón, ancienne conseillère de l’OMS pour la santé des enfants
La conférence (en anglais) est disponible à l’adresse suivante : https://youtu.be/nre0AtapOPI
Présentation de Betzabé Butrón, ancienne conseillère de l’OMS pour la santé des enfants
La présentation de Betzabé Butrón a pour objectif principal de souligner l’importance du dialogue entre les secteurs de l’éducation et de la santé. Elle plaide pour une meilleure coordination entre ces deux domaines, dans le but de reconnaître les forces et les contributions spécifiques de chaque secteur. Cet appel se veut urgent, face aux défis actuels et futurs auxquels les enfants sont confrontés, et souligne la nécessité de placer la santé des enfants au cœur de nos priorités. Étant donné que les enfants et leurs familles font face à des situations complexes, il est impératif d’unir nos efforts pour mieux répondre à leurs besoins.
En 2023, Betzabé Butrón et la présidente mondiale de l’OMEP, Mercedes Mayol-Lassalle se sont associées pour promouvoir une collaboration renforcée entre les secteurs de la santé et de l’éducation. Cette initiative vise à placer les droits humains des enfants au centre des priorités de développement des pays. En effet, bien que l’importance de cette collaboration multi-sectorielle soit reconnue depuis longtemps, il s’agit aujourd’hui de renforcer cette approche dans un contexte de défis croissants.
L’importance de l’approche multisectorielle
- Conférence mondiale sur l’éducation et la protection de la petite enfance (EPPE) en 2010
Lors de cette conférence, une conception large et holistique de l’ECCE a été adoptée, englobant les soins, l’éducation, la santé, la nutrition et la protection des enfants de zéro à huit ans. Cette approche est considérée comme un droit fondamental et une base indispensable pour l’apprentissage tout au long de la vie. Elle vise à améliorer la santé, l’éducation, l’égalité des genres, l’employabilité, et la qualité de vie des enfants, soulignant que l’éducation ne peut pas être séparée des autres domaines de soutien à l’enfance.
L’agenda consiste à adopter et promouvoir une approche multisectorielle pour l’EPPE afin d’assurer des résultats de naissance optimaux, une bonne santé néonatale, un bien-être nutritionnel, ainsi que des soins et une éducation pour les enfants de zéro à huit ans, avec une attention particulière pour les enfants de zéro à trois ans.
- Déclaration de Tachkent en 2022
Cette déclaration a réaffirmé la nécessité d’aller au-delà du seul secteur de l’éducation en matière d’EPPE. Les principes directeurs soulignent l’importance d’une approche intégrée et multisectorielle, impliquant une coordination des politiques, de la gouvernance et des financements. La déclaration appelle les États membres à intégrer les politiques d’EPPE dans une approche interministérielle, visant une planification et un financement cohérents pour couvrir tous les domaines de l’ECCE.
Engagements à l’Action : Les États membres s’engagent à intégrer et renforcer les politiques et stratégies EPPE dans une approche de « gouvernement dans son ensemble », en favorisant la coopération intersectorielle à tous les niveaux, afin d’assurer des services ECCE de qualité.
Et quelques exemples illustrant l’approche intégrée et multisectorielle en santé
- La stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents (2016-2030)
En 2015, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé cette stratégie en tant que feuille de route pour atteindre le droit à la santé et au bien-être physique, mental et social à tout âge. La stratégie repose sur trois objectifs principaux : Survivre, Prospérer et Transformer, et adopte une approche intégrée en reconnaissant l’importance des facteurs externes tels que la nutrition, l’éducation, l’eau, l’air propre, l’assainissement et les infrastructures pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD).
- Le cadre de soins attentifs pour le développement de la petite enfance (OMS-UNICEF,2018)
Ce cadre définit les soins attentifs comme les conditions créées par les politiques publiques, programmes et services, permettant aux communautés et aux soignants d’offrir aux jeunes enfants les opportunités de réaliser leur plein potentiel. Pour atteindre cet objectif, cinq composantes interdépendantes sont nécessaires : la santé, la nutrition, la sécurité, l’apprentissage précoce et l’environnement affectif. La réussite de ce cadre repose sur l’action concertée de différents secteurs, et insiste sur l’importance de commencer dès la grossesse et de maintenir cette approche durant les premières années de vie de l’enfant.
L’importance des premières années et des synergies entre secteurs
Les premières années de la vie sont des périodes de sensibilité extrême pour le développement et le bien-être humain, et c’est à ce moment-là que les secteurs de la santé et de l’éducation jouent un rôle crucial. Ces deux secteurs reconnaissent l’interdépendance de leurs résultats : des enfants en bonne santé sont mieux préparés pour l’apprentissage, et une éducation de qualité contribue au bien-être physique et mental. Par ailleurs, l’apprentissage se fait partout : à la maison, dans la communauté et à l’école. La collaboration entre ces secteurs permet de renforcer les ressources disponibles, d’offrir un environnement physique plus sûr, de promouvoir les compétences socio-émotionnelles et de fournir un soutien aux enfants confrontés à des situations adverses.
Les soins attentifs pour le développement de la petite enfance, ou Nurturing Care, sont essentiels pour le développement de chaque enfant et pour le protéger des effets les plus néfastes de l’adversité. Chaque enfant a besoin de cinq composantes interconnectées pour atteindre son plein potentiel humain, et ces composantes nécessitent le travail coordonné de diverses institutions et secteurs :
- La santé : maintenir le bien-être physique et mental.
- La nutrition : assurer un apport nutritionnel adéquat pour la croissance et le développement.
- La sécurité et la protection : fournir un environnement sûr.
- L’apprentissage précoce : stimuler l’intellect et les compétences de base.
- L’environnement affectif : favoriser des relations aimantes et sécurisantes.
Objectif commun : construire des communautés prospères et bienveillantes
Construire des communautés bienveillantes et favorables, c’est comme bâtir une maison. Pour poser une fondation solide, nous avons besoin de la participation et des contributions de nombreux acteurs : l’éducation, la santé, la protection sociale, le travail, et la société civile, chacun apportant des éléments essentiels. Sur cette base solide, nous créons ensemble un environnement propice à l’apprentissage tout au long de la vie, à une vie saine et productive, et à des relations sociales positives.
Cependant, il existe un écart entre ce que nous savons et la réalité. Pour combler ce fossé, il est crucial d’avancer ensemble en adoptant de nouvelles approches. Voici alors quelques pistes pour l’avenir :
- Approche interconnectée pour l’enfant
Les secteurs de la santé et de l’éducation doivent redéfinir leurs liens pour promouvoir l’apprentissage et le bien-être des enfants. Cette approche met en avant les interactions positives entre les enfants et les adultes, essentielles pour le développement, et insiste sur l’importance de l’équité pour garantir les mêmes opportunités de réussite pour tous.
- Initiatives locales et partenariats multisectoriels
Les collaborations locales sont cruciales pour mieux adapter les actions aux besoins des enfants et des familles. Encourager la participation des parents et des enfants, et engager divers secteurs (protection sociale, travail, finances) permet de toucher les enfants les plus vulnérables et de mieux répartir les ressources.
- Continuité et bien-être dans le parcours scolaire
Il est important de créer des ponts entre les niveaux préscolaire, primaire et secondaire, en se concentrant sur le bien-être socio-émotionnel et les apprentissages à chaque étape. En intégrant les ressources communautaires et en valorisant la santé du personnel scolaire, on construit un environnement scolaire globalement favorable au développement des enfants.
Conclusion
La reconnaissance de l’importance de la collaboration entre la santé et l’éducation pour le bien-être des enfants et des familles n’est pas nouvelle. Cependant, un écart persiste entre les intentions déclarées et les actions concrètes. Cette collaboration offre de nombreux avantages pour chaque secteur : amélioration des résultats, meilleure utilisation des ressources, et plus de pouvoir pour aborder des préoccupations communes.
Face aux défis actuels, complexes et en constante évolution, il est urgent d’agir. La mise en place d’une collaboration efficace est souvent plus facilement réalisable au niveau local, où il est possible de trouver des exemples concrets et de la motivation pour avancer.
En définitive, une collaboration entre l’éducation et la santé revient à défendre les droits fondamentaux de chaque enfant, à tout âge et en tout lieu.
« Si vous ne faites rien, faites quelque chose. Si vous faites un peu, faites plus. Si vous faites beaucoup, faites mieux. » – Prof. Michael Marmot
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’OMEP Monde : https://omepworld.org/fr/accueil/