76e Conférence Mondiale de l’OMEP à Bankok (2024) Abrégé de la présentation de Rokhaya Fall Diawara, l’UNESCO

La conférence (en anglais) est disponible à l’adresse suivante : https://youtu.be/nre0AtapOPI 

Le suivi de la déclaration de Tachkent s’appuie sur la réalisation de rapports globaux sur la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable 4.2 (ODD 4.2) qui porte sur l’éducation de la petite enfance. Le premier rapport, publié en juin 2024, repose sur une collaboration avec l’OCDE, la Banque Mondiale et d’autres ONG. Il vise à évaluer l’accès et la qualité de l’éducation et de la protection de la petite enfance (EPPE) pour les enfants dans le monde.

Statut de l’EPPE dans le monde 

Le rapport souligne qu’une protection et une éducation de qualité dès la petite enfance sont cruciaux pour le développement des enfants, mais des inégalités persistent, surtout parmi les plus défavorisés. Actuellement dans le monde, 30 % des enfants de 3 à 6 ans ne sont pas en bonne voie de développement. 

L’environnement familial joue un rôle central dans la stimulation précoce des enfants. Toutefois, seulement 56 % des enfants de 24 à 59 mois bénéficient d’une stimulation adéquate à domicile. Le rapport souligne la nécessité d’inclure les parents dans les politiques d’EPPE en raison de leur rôle clé dans l’éducation de leurs enfants.

Le rapport présente des exemples de soutien parental, comme le programme serbe « Playful Parenting » qui renforce les interactions parent-enfant, soutient la santé mentale des soignants et propose un accompagnement spécifique aux enfants en situation de handicap. De telles politiques favorables aux familles, incluant des congés payés parentaux et des services de garde abordables, renforcent l’engagement des parents dans l’éducation précoce.

Investissements et politiques favorables

Le taux d’enfants préscolarisés durant une année avant le primaire est passé de 75 % en 2020 à 72 % en 2022, ce qui illustre la crise mondiale de l’apprentissage qui fait que 37 % des enfants (de dix ans) ne maîtriseront pas les compétences de base en lecture d’ici 2030. La qualité de l’éducation de la petite enfance est cruciale, mais la pénurie mondiale de 6 millions d’enseignants qualifiés met en danger l’objectif d’une scolarisation universelle d’ici 2030.

Ainsi, les gouvernements sont encouragés à adopter une approche multisectorielle pour intégrer les services d’EPPE, y compris par des investissements accrus et diversifiés. Au niveau mondial, l’UNESCO appelle à consacrer 10 % des budgets nationaux de l’éducation à l’éducation préprimaire. Pour atteindre ces objectifs de participation à l’éducation de la petite enfance d’ici 2030l, e besoin de financement annuel est de 21 milliards de dollars pour les pays à revenu faible et intermédiaire. 

Exemples de politiques nationales

  • Canada : Grâce au cadre multilatéral Early Learning and Child Care, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux investissent dans des services de garde inclusifs et abordables, y compris des initiatives spécifiques pour les communautés autochtones.
  • Chine : Le programme « One Village One Preschool » vise à améliorer l’accès à l’EPPE pour les enfants laissés-pour-compte dans les zones rurales, en recrutant et formant des enseignants locaux.

Données et connaissances pour l’amélioration des politiques d’EPPE

L’UNESCO renforce la collecte et l’analyse de données afin d’améliorer les politiques d’EPPE, avec des événements comme la conférence sur les données éducatives en février 2024 et des partenariats pour promouvoir la recherche en neurosciences appliquées à l’éducation de la petite enfance.

Inclusion de l’EPPE comme un droit fondamental

Aujourd’hui,

  • 63 pays offrent une éducation préprimaire gratuite.
  • 51 pays rendent l’éducation préprimaire obligatoire.
  • 46 pays combinent les deux, offrant une éducation préprimaire à la fois gratuite et obligatoire.

Le rapport prône ainsi une reconnaissance explicite de l’EPPE comme un droit fondamental dans les instruments juridiques internationaux. Il appelle les États à garantir l’accès gratuit à une éducation préprimaire et à des normes de qualité pour l’infrastructure et le personnel de l’EPPE.

Recommandations clés du rapport

  1. Promouvoir lEPPE pour préparer les jeunes enfants à l’apprentissage fondamental.
  2. Mettre la priorité sur les populations d’enfants les plus vulnérables.
  3. Soutenir les parents pour favoriser des environnements familiaux positifs.
  4. Valoriser et investir dans la qualité de lenseignement.
  5. Augmenter et diversifier les financements pour combler le déficit dans l’écosystème de l’EPPE.
  6. Renforcer les efforts de coordination internationale et les partenariats.
  7. Étendre le droit à l’éducation en incluant l’éducation de la petite enfance dans les cadres juridiques.

En conclusion, le rapport exhorte les gouvernements et la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour garantir à tous les enfants un accès équitable et de qualité à une éducation et à une protection de la petite enfance précoces, pour établir les bases solides de leur avenir éducatif et social.